Salamine

Salamine ð

29 sept. -480

Actium

Actium ð 

2 sept. -31

Lépante

Lépante ð

7 oct. 1571

Navarin

Navarin ð

20 oct. 1827



 

 

 

 

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Introduction

L’antagonisme entre l’Orient et l’Occident, dont nous venons de vivre une illustration évidente ] entre 1974 et 1983 ? (note EE) [ et quelques soient les prétextes invoqués et les alliances de circonstances, n’est qu’une facette de l’opposition fondamentale de deux civilisations qui s’affrontent depuis des millénaires.

Depuis le début de l’histoire des peuples, l’Asie a toujours été confrontée à l’Europe représentée, dans les Temps anciens par la Grèce puis par Byzance et Rome. La Grèce, par son emplacement géographique et par sa civilisation, constitue une frontière, une limite et par voie de conséquence un champ clos pour ces affrontements ; qu’elle en soit le protagoniste, le prétexte ou la victime, la Grèce est toujours étroitement mêlée aux guerres entre l’Europe et l’Asie.

On peut certainement voir dans ces affrontements, le conflit de deux conceptions opposées de l’existence : le mysticisme oriental et son fatalisme et le rationalisme de l’Occident hérité de la Grèce.

Ce dualisme n’existe pas seulement au niveau des peuples, car c’est l’essence même de l’espèce humaine et chaque individu, quelque soit son appartenance, en a une part plus ou moins grande. Quand le rationalisme triomphe, le mysticisme jamais vaincu réapparait un jour ou l’autre. Cette oscillation perpétuelle des philosophies constitue la base même de nos civilisations, car la raison et la logique n’expliquent pas tout et laissent l’esprit humain insatisfait.

Compte-tenu des caractéristiques de ces peuples, l’évolution politique devait être contrastée et elle le fut. D’un coté des chefs de droit divin, quelque soit le nom dont on l’affuble, de l’autre des individus obéissant volontairement à des lois qu’ils se sont données, propriétaires du sol qu’ils travaillent.

Comment cette disparité a pu naître et se développer de façon aussi nette dans ces deux rameaux voisins de l’espèce humaine et ce, pendant des millénaires ? 

Pour essayer de comprendre, il vaut mieux suivre Taine, qui dans son étude sur la physiologie pour les conditions nécessaires /...

 

 

 

 

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                                                                                                                                                                                                                                   ... au développement de l’esprit, note l’influence prépondérante d’au moins deux facteurs essentiels : la race et le milieu, c'est-à-dire le sol et le climat, en notant par avance que l’importance relative de ces éléments est bien difficile à cerner.

En ce qui concerne l’Asie Mineure et le Moyen Orient, il semble bien que la race ne soit pas le facteur décisif, car si une région au monde a vu défiler des envahisseurs de toutes origines, c’est bien cette région du globe. Siège des premières grandes civilisations, elle a attiré vers elle, toutes les peuplades faméliques et guerrières (souvent par nécessité) qui nomadisaient à ses frontières, toujours prêtes à envahir et à piller dès que les défenses faiblissaient.

Nous ignorons l’origine des Sumériens, qui forment la première grande civilisation mésopotamienne. La suite nous est heureusement mieux connue. Dans l’ordre chronologique dès le 4° millénaire av. JC., une invasion sémite, venant d’Arabie, constituée par les Akkadiens nomades qui s’infiltrent puis s‘imposent par la force aux Sumériens. Ce passage sera marqué par le règne du grand Sargon dont l’empire s’étendra du golfe persique au Liban, puis les « Gutti », venant du Zagros, du Kurdistan iranien à quarante kilomètres au nord de Bagdad envahissent le pays, avec un nouvel État Sumérien autour d’Ur en Chaldée, puis encore des Sémites « Amorites » fondent Babylone et ce sera le règne du fameux Hammourabi (‑1848, ‑1806). Au début du 12° siècle av. JC, ce sera l’invasion des Hittites, puis des Kassites venus du Zagros, mais sous le commandement d’une élite Indoeuropéenne. Au 12° sicle, la Mésopotamie est partagée avec au Nord un royaume assyrien, donc sémite, avec Ninive comme capitale qui s’étendra sur tout le Moyen Orient. Le règne des Assyriens se signalera par l’ampleur des massacres et la terreur permanente des populations. C’est leur arme de dissuasion systématiquement employée.

- en -539, les Mèdes de Perse s’emparent de Babylone, ce sont des indoeuropéens

- en Asie Mineure, les Hittites, indoeuropéens venus à travers le Bosphore créeront un puissant empire qui, entre -2000 et -1200 tiendra tête à l’Égypte des Pharaons.

Le Moyen-Orient (XIIIe siècle av. J-C)

Rivalité entre les rois kassites et ceux d'Assyrie


 

 

 

 

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L’Asie Mineure subira ensuite l’assaut des Turks Sedjukds, puis au 14°siècle, celui des Turcs Ottomans.

Dans l’intervalle, il ne faut pas oublier la vague grecque d’Alexandre et les empires de ses successeurs Séleucides au Moyen Orient et ptolémaïques en Égypte.

En Europe en général et en Grèce en particulier, si l’on a vu de nombreuses invasions, elles sont beaucoup plus tardives et elles ne commenceront qu’à la jonction entre le 2° et le premier millénaire avant J-C. et ne sont que le fait de petites tribus. Ces invasions sont surtout indoeuropéennes, donc de même origine raciale.

Comment dans tous ces échanges ethniques parler de race, que ce soit en Europe ou en Asie, et discriminer la part qui revient à l’une ou l’autre des ethnies ? D’autant que dans des périodes plus rapprochées, aux 12° et 13° siècles de notre ère Gengis Khan et ses tartares envahirent tout l’Orient et ne furent arrêtés que par les Mameluks devant Damas. Le tout accompagné de massacres, de destructions énormes. Ce n’est donc pas un changement de climat, qui ravit à l’Asie occidentale, la direction du monde et l’a précipitée dans la misère la réduisant à la pauvreté et à la stagnation des temps modernes, mais bien les envahisseurs Tartares ; il est regrettable que la chance du pétrole, n’ait servi que bien partiellement à la reconstruction de cette partie du monde.

Quant à la cruauté, si souvent évoquée à propos des orientaux, il faut bien dire que l’occident n’a rien à leur envier. Les massacres ayant toujours existé, mais sans doute avec moins d’ampleur et de continuité. En Orient, les exemples viennent de loin et malheureusement se perpétuent à l’époque moderne, et de ce fait, la cruauté semble habituelle aux peuples orientaux. Quand Gengis Khan créa son grand empire, la férocité faisait partie de la science militaire mongole (comme elle l’avait été pour les Assyriens bien auparavant). Cherchant à répandre la terreur, paralysant l’adversaire et ne laissant aucun possibilité de révolte aux vaincus.

Quand le petit-fils de Gengis Khan prit Bagdad en 1258, il livra la ville au pillage pendant quarante jours. 80 000 habitants furent égorgés. La ville pillée de fonds en comble fut ensuite brulée. Cette date marque la fin du khalifat abbaside. 

 

 

 

 

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Au 14° siècle, le fameux Tamerlan (Timour le Boiteux, -1336 ‑ -1405), fils d’un seigneur turc et musulman dévot, devenu boiteux à la suite d’une blessure par flèche reçue lors de combats contre les Perses que Tamerlan considérait comme des hérétiques, pillait systématiquement toute les villes prises pour embellir Samarcande, sa capitale, massacrant toutes les populations.

Les méthodes mise en place pour terroriser les peuples furent aussi variées que cruelles, faisant honneur qu’à leur seule imagination. Les vaincus étaient mis en cage et exposés, empalés, décapités en public ou écorchés vifs. Les têtes coupées mises en tas aux portes des villes. Les mutilations complétaient le tableau. On coupait le nez, la langue, les mains. On crevait les yeux. On déportait des populations entières.

Les Rois eux‑mêmes ne dédaignaient pas d’intervenir personnellement dans ces horreurs si l’on en croit certains bas‑reliefs assyriens. Dans ces conditions, les populations comprenaient vite ce qu’elles avaient à faire et se tenaient tranquilles. La Bible nous apprend qu’une des distractions préférée des Assyriens était d’éclater la tête des enfants en bas âge, en les cognant sur les murs. Ces prouesses ont valu aux Assyriens le surnom de « Prussiens d’Asie » ce qui est sans doute excessif pour les Prussiens.

En -539, quand Cyrus le Roi des Perses et des Mèdes, prit Babylone presque sans combat, il put le faire car il avait la réputation très méritée de respecter les populations vaincues, leurs coutumes, leur religion, leurs biens. C’est le célèbre décret de Cyrus qui permit aux juifs déportés à Babylone de retourner à Jérusalem. C’est une exception qui mérite d’être signalée car vraiment inattendue en ces temps là.

Dans la formation des peuples et des civilisations la géographie et le climat ont sans doute un rôle essentiel, et c’est particulièrement vrai au Moyen Orient. Le contraste est trop violent entre les populations nomades vivant très péniblement et subissant des famines. Tournant inlassablement avec leurs troupeaux de point d’eau en point d’eau, autour de certaines zones privilégiées dites  « du Croissant Fertile », /...

 

 

 

 

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                                                                                                                                                                                                           ... côtoyant des richesses auxquelles ils ne pouvaient participer, la résignation devant les duretés de la vie et ses nécessités, conduit tout droit à une certaine inertie pessimiste, très vite convaincu que l’on n’y peut rien changer.

Le climat excessif, à certaines périodes de l’année, n’incite pas au travail, par contre les nuits passées en plein air, facilitent la méditation, la vision des astres, en augmentant la part de scepticisme que porte en lui tout être humain.

Il ne faut donc pas s’étonner de ce que l’immense majorité des religions soient d’origine orientale, y compris bien entendu la chrétienne. Dans la religion musulmane, la croyance en la préméditation fait du fatalisme amollissant un des traits dominants de la pensée orientale. En revanche, cet état d’esprit est excellent en temps de guerre, puisque rien ne peut arriver qui ne soit déjà écrit au livre du destin, et la mort, si elle doit survenir, ne peut ne peut que mener au paradis d’Allah, comblé des joies les plus matérielles, qui ont si souvent manquées sur terre. Les climats excessifs, froids ou chauds, la vision de grandes étendues désertiques donnent la mesure nette de la faiblesse de l’homme et sa fragilité en face de la création.

Compte tenu de toutes ces observations, le tempérament oriental est bien difficile à définir ; disons simplement qu’il est pompeux, orgueilleux, mais surtout théâtral, aimant la représentation et la coutume, d’une grande fidélité au clan et à la tribu. Son inguérissable mépris de la femme ne l’empêche pas d’être passionné et voluptueux jusqu’au délire. Le tempérament oriental ignore le pardon désintéressé et la mansuétude qui sont considérés comme des signes de faiblesse. La grande caractéristique de l’oriental est l’imagination débridée avec des réactions brutales peu réfléchies, oubliant rapidement ses engagements ; en somme le cartésianisme n’a pas cours. Les orientaux rêvent facilement de puissance, de richesse, de luxure, même quand ils n’en ont très évidemment pas les moyens ; le danger est qu’ils rêvent souvent collectivement, sans souci des réalités qui exigeraient réflexion, travail, continuité.

 

 

 

 

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Bien entendu, dans une société quelconque, tous les types d’hommes existent. Sans vouloir renouveler la querelle moyenâgeuse des « universaux », le stéréotype de l’oriental ne se retrouve que rarement à l’état pur, il ne peut s’agir ici que des caractéristiques que l’on retrouve plus fréquemment chez les orientaux, avec plus ou moins d’intensité et sur le plus grand nombre.

L’occident et la Grèce sont d’une toute autre civilisation. Dès le deuxième millénaire, des rameaux détachés d’Indoeuropéens envahissent la Grèce par vagues successives mais de peu d’importance numérique, venant des steppes entre Caucase et Mer Noire. Après une lente évolution, il semble bien que la civilisation grecque dont nous sommes les héritiers, avec son amour de la liberté individuelle, son individualisme, ait pour cause première la cité État qui, respectant l’individu, lui donnera la notion de sa personnalité, de son importance, car tout se décidait avec l’assentiment du peuple. Une autre cause est l’apparition du paysan citoyen, participant aux délibérations, très attaché à la terre dont il est propriétaire et qu’il défendra toujours au péril de sa vie, car c’est sa raison de vivre.

Le grand ferment de l’activité individuelle pour le Grec reste le sentiment inébranlable de la liberté et la maîtrise de son propre destin, admettant toute discussion, mais tranchant avec mesure et raison, car ayant entendu toutes les argumentations. C’est le signe distinctif de toute vraie civilisation, de tout homme digne de ce nom dans la conception occidentale, même si l’excès mène à un individualisme forcené.

L’essence de la vie et la raison d’être des Grecs, c’est la liberté d’exister, de penser, de parler, alors que le barbare, pour le Grec, est l’homme capable de croire sans le secours de la raison et de vivre sans jouir de la liberté. 

Entre Orient et Occident, il s’agit donc de deux conceptions de l’existence : le mysticisme de l’Orient et le rationalisme de l’Occident. Cette opposition biologique nous a valu au cours des siècles des affrontements sanglants qui sont loin d’être complètement éteints, et l’antagonisme religieux /...

 

 

 

 

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                                                                                                                                                                                                                                               ... n’a fait qu’ajouter aux incompatibilités de ces deux grandes civilisations.

Dans les temps modernes, chaque guerre a accentué le déclin de l’Orient et de l’Islam sous sa forme hégémonique, face aux civilisations occidentales beaucoup plus techniques. Il n’en reste pas moins que l’Occident, tout occupé de ses querelles internes, n’a jamais été capable de régler convenablement la fameuse question d’Orient, même sur sol européen, ce qui ne manque pas de soulever nombre d’interrogations qui risquent de remettre en question notre propre civilisation.

La Grèce, frontière historique pour l’Europe, a souvent servi de champ de bataille à une confrontation qui dure depuis des millénaires.

Bien que les renseignements crédibles soient peu nombreux, il apparait de plus en plus que la guerre de Troie, telle que nous la raconte Homère dans l’Iliade, au douzième siècle av. JC, fut en réalité la lutte de deux puissances pour la possession de l’Hellespont et des riches pays de la Mer Noire.

Toute la Grèce, ainsi que l’Asie occidentale eurent bien le sentiment qu’il s’agissait d’une lutte décisive. Aussi tous les peuples Achéens vinrent au secours d’Agamemnon, tandis que les peuples d’Asie mineure envoyaient sans cesse aux Troyens des renforts et du ravitaillement. C’est le premier épisode d’une longue lutte dont les autres batailles s’appellent Marathon (- 490), Salamine (- 480), Arbèles, (‑ 331), Poitiers (732), Lépante (1571), Vienne (1529 et 1683) …

Il est tout à faut significatif de remarquer que quatre grandes batailles navales (pour ne parler que de celles-ci) qui ont eu une grande importance pour l’Europe, ont eu lieu dans les eaux grecques et dans un tout petit rayon, marquant bien la pérennité de cette frontière entre les deux civilisations. Ces quatre batailles dont nous allons nous entretenir sont dans l’ordre chronologique :

Salamine         29 septembre 480 av. JC

Actium              2 septembre   31 av. JC

Lépante            7 octobre 1571

Navarin            20 octobre 1827


 

 

 

 

Figure N°1

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